L'AIRE DE RIEN
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époux maries

mardi 20 juin 2006, par Martha

On dit plus rarement épouser que se marier.

Se marier, c’est bon pour le débat d’idées, le débat politique, le débat moral, le débat policé.

S’épouser c’est bon pour qui ?

Le "s’épouser" a dû divorcer à un moment ou à un autre, parce que deux sens ont la garde partagée du mot.

La première épouse est celle de la publicité : « Cette robe, ce collant, ces chaussettes épousent parfaitement les formes de votre corps. Vous voilà épousée par votre corset. »

« Cette voiture, avec sa tenue de route impeccable, avec sa fluidité deux pécables, épouse la chaussée... Oh ! Quelle virtuosité de technologie ! La route et les roues en harmonie, fécondante, confondante... »

On verse une larme d’émotion. On voit les voitures, les collants, qui parcourent les rondeurs, la ligne de fuite rapide, de la femme, de la chaussée. L’épousée est chaussée. Elle est chassée, chasse gardée, chasse regardée.

L’objet de la vanité vantarde, l’objet vanté et vanté et vanté et vanté éventé, épouse le terrain lisse et vallonné en fantasme. La femme, la route, par où, sur qui, l’homme glisse, jouit et se meurt.



La seconde épouse est celle presque vieillotte du français. Langue en chandail et chaussons. La vision calme et plate de l’homme en chemise, serein, qui vous présente son épouse. La femme en tablier, humble et maternelle, qui évoque son époux : « mon époux aime les collants et les voitures (globalement il aime les autocollants) ».

L’un et l’autre épris éprouvent. Nous réprouvent-ils ? Je ne le pense pas.

Alors voilà où je veux en venir : les mots ont suivi leur chemin. Où est l’ailleul ? Ailleurs, certainement.
Le mariage, les épousailles... amaré aux objets, aux autres, tout est bonne occasion de se célébrer, et c’est cela qui compte.
Depuis la Génèse, unions des hommes à la terre, aux objets (femmes comprises, ou dirais-je, incomprises), aux autres,...
Au fonds, on a beau sceller les alliances pour des millénaires, nous restons des fantômes flottants.