L'AIRE DE RIEN
Récits en tout genre
| MOBILISATION | SPECTACLE | PHOTO | THEME | A PROPOS |

Visages, théâtre de la joie ordinaire

vendredi 26 novembre 2021, par Christophe Noisette

Cette série de photos, prise lors des Mardignac, des marchés festifs au cœur du Limousin, montre une humanité hors cadre, hors champ, dans ce qu’elle a de joyeuse et de banale, de simple et de singulière.

Avec ce portfolio, j’ai souhaité à l’instar de Rober Pic, documenter le réel et interroger notre humanité. Ces photos ont été prises lors des mardignac, des marchés festifs implantés depuis 2018 dans une petite commune de Haute-Vienne, Ladignac-Le-Long.

Les marchés sont des moments privilégiés pour le photographe, des lieux où l’on peut observer une humanité anonyme, en mouvement. Les marchés sont un espace public, où les gens dans leur diversité se côtoient, se croisent, se rencontrent. Ce sont des sourires que j’ai essayés de capturer dans leur spontanéité. Ici les personnes ne posent pas, je déambule, je me promène et quand nos regards se croisent, j’essaie de les saisir dans leurs singularités. Rencontres éphémères, dialogues oculaires.

Notre monde est dur, tyrannique avec ceux et celles qui ne s’insèrent pas dans les standards. Elle impose un modèle où la jeunesse et la minceur sont deux des critères dominants. Ces canons de beauté, au final, gomment les différences, nient l’ordinaire, abolissent la réalité bigarrée, complexe et paradoxale.

Ces visages ne correspondent aux normes de beauté, laquelle est souvent tellement plastique, qu’elle en devient irréelle. Là, nous sommes dans la matière brute de la vie, faite, par exemple, de rides, de calvities, de vécu. Chaque visage est unique et c’est dans cette unicité que se situe notre humanité. Chacun et chacune apparaît tel qu’il est, telle qu’elle est, sans artifice. Montrer tout simplement des beautés ignorées, dénigrées parfois, dépréciées souvent. Ces visages, et avec eux ces personnes et ces histoires, n’ont pas d’existence dans le monde médiatique, dans les récits officiels. Pourtant, c’est eux, c’est nous, qui sommes la société, la banale et surprenante farandole humaine.

Cette série de photos est aussi un hommage à la joie. Montrer comment la joie éclaire les visages, comment elle les transfigure. Et cette joie, simple étincelle, fait de ces marchés un espace qui relie, un rempart à la solitude et à l’exclusion. Tous ces sourires sont l’expression forte d’une humanité bien vivante.